MIEUX COMPRENDRE COMMENT LES TPE/PME GÈRENT LEUR FLOTTE
L’Arval Mobility Observatory a dévoilé son Baromètre des flottes des TPE/PME. Lakshmi Moorthy, Arval Retail Director, s’exprime sur cette étude et le secteur en général.
Pouvez-vous nous parler du marché des TPE/PME selon le Baromètre 2019 de l’Arval Mobility Observatory ?
Actuellement, c’est un secteur très dynamique. Les TPE/PME demeurent un pilier essentiel et croissant de l’économie dans de nombreux pays. Les évolutions des modèles de travail et des technologies incitent de plus en plus de personnes à exercer une activité non salariée. Dans presque tous les pays dans lesquels Arval est présent, les TPE/PME et les professionnels indépendants représentent la part de l’économie qui affiche la plus forte croissance.
Qu’est-ce qui caractérise les décisionnaires des flottes des TPE/PME ?
D’après notre expérience, et nous avons tendance à prendre en compte les plus petites structures du secteur, ils abordent une approche pratique. Pour leurs déplacements professionnels, les petites entreprises sont en quête d’efficacité et de prix compétitifs, qui leur permettent de mener à bien leur travail. Elles ne sollicitent pas vraiment le soutien stratégique que nous offrons à nos plus grands clients. Leurs décisions sont en grande partie motivées par leurs besoins quotidiens, en vue de préserver leurs activités.
Selon le Baromètre des flottes 2019, les entreprises sont confiantes par rapport à la future croissance de leur flotte. Comment l’expliquez-vous ?
Ces entreprises réinvestissent souvent leur augmentation de recettes et toute croissance de la production a tendance à se refléter immédiatement dans leurs besoins en matière de transport. Une entreprise possédant 500 véhicules utilitaires qui gagne un nouveau client peut s’adapter à l’évolution de ses besoins en exploitant plus efficacement la flotte existante, tandis qu’une société possédant 2 véhicules utilitaires aura sans doute besoin d’en acquérir une troisième au vu de l’essor de ses activités. C’est une approche entièrement différente, elles réinvestissent immédiatement leurs profits en faveur de la croissance de leur entreprise.
L’étude suggère que les TPE/PME conservent leurs véhicules pendant des périodes plus courtes. Qu’est-ce qui explique cette tendance ?
L’un des facteurs est l’utilisation accrue de la location au fil du temps, sur une durée déterminée et à plus court terme que l’achat ferme. Autre facteur : la rapidité de développement des technologies dans les voitures et véhicules utilitaires actuelles, les clients désirant probablement en changer plus souvent pour profiter des technologies les plus récentes.
Selon le Baromètre des flottes, 26 % des entreprises de moins de 10 salariés envisagent d’utiliser des véhicules hybrides ou électriques dans les 3 prochaines années, et seulement 8 % l’ont déjà fait. Ce décalage va-t-il être comblé ?
On peut comprendre pourquoi il existe une différence entre l’intérêt et la réalité. Si vous exploitez 100 véhicules essence et acquérez 2 ou 3 véhicules électriques et hybrides pour tester leur efficacité sur le plan opérationnel, c’est un risque minime. Mais si vous exploitez 5 véhicules et achetez 2 VE, c’est un engagement beaucoup plus important. De plus, les futures valeurs des VE n’étant pas testées et au vu du grand nombre de nouveaux modèles et technologies, les TPE/PME ne souhaitent peut-être pas acheter de VE (mais sont prêtes à les tester si d’autres programmes sont disponibles).
Il existe également d’autres raisons. Les TPE/PME souhaitent peut-être tester ces technologies, mais manquent de liquidité à ce stade, ou cela peut être dû à l’offre de VE qui augmente progressivement. Toutefois, nous pensons qu’elles finiront par s’y mettre, cela prendra juste plus de temps que les plus grandes entreprises.
Le rapport constate également que 31 % des TPE/PME s’intéressent à l’utilisation de solutions de mobilité alternatives comme l’autopartage, le covoiturage, le crédit mobilité ou la location pour les particuliers et envisagent de les utiliser dans les 3 prochaines années ou utilisent déjà au moins une de ces alternatives.
Ce chiffre est intéressant. Nous estimons que ces services de mobilité sont sûrement très peu connus des PME, même si certaines grandes villes ont recours à l’autopartage, etc. La clé des petites entreprises et des professionnels indépendants est que leurs besoins en matière de transport se fondent sur la pratique. Si on peut leur montrer qu’il existe un meilleur moyen de mener à bien un déplacement, ils l’utiliseront. Non pas parce qu’ils prennent en compte les questions de RSE, mais plutôt parce qu’ils doivent répondre aux besoins de continuité de leurs activités de façon concrète. Comme pour les VE, nous espérons que cette situation évoluera à plus long terme, mais pas aussi rapidement que pour les grandes organisations.
La pénétration des outils télématiques chez les petites entreprises reste faible : seulement 11 % des TPE/PME y ont recours. Pensez-vous que cela évoluera ?
Le fait est que la plupart des solutions télématiques actuelles présentent très peu d’avantages pour les petites entreprises. Les avantages existent, par exemple, si vous exploitez quelques véhicules utilitaires, vous voudrez peut-être utiliser la planification des itinéraires pour améliorer leur efficacité. Mais, en effet, les très petites flottes ou les professionnels indépendants manifestent actuellement moins d’intérêt pour la télématique. Si nous parvenons à développer des fonctionnalités qui ont du sens pour ce segment, les TPE/PME pourraient changer d’avis.
Le Baromètre des flottes indique que les TPE/PME s’adressent encore souvent aux concessionnaires et aux banques pour recueillir des informations pour l’achat de leurs véhicules. Comment l’expliquez-vous ?
D’une certaine façon, le comportement des petites entreprises s’apparente beaucoup plus à celui des particuliers qu’à celui des grandes entreprises. Si elles s’intéressent, et utilisent, les services digitaux, elles attachent également beaucoup d’importance aux relations directes. Elles sont nombreuses à se rendre chez les concessionnaires et à se rapprocher de leur conseiller bancaire.
La voiture ou le véhicule utilitaire est un achat pratique pour eux, mais aussi affectif, car il est souvent étroitement lié à la continuité de leurs activités. C’est un achat conséquent et ils veulent avoir le sentiment qu’il a été étudié convenablement et qu’il s’agit de la bonne décision.
L’étude révèle que, au cours de ces 5 dernières années, la proportion de petites entreprises utilisant la location longue durée comme moyen de financement principal est passée de 9 à 13 %. Comment l’expliquez-vous ?
Chaque année, lorsque nous menons cette enquête, nous constatons que les locations longue durée ont une fois de plus gagné en popularité. L’origine de cette popularité est claire : ce type de location offre des services à coûts faibles, fixes et prévisibles. Cela permet essentiellement aux TPE/PME et aux professionnels indépendants de poursuivre leurs activités sans se préoccuper de financer leur flotte.
Dans un monde où l’achat des produits se base désormais sur l’utilisation et non la propriété, que ce soit à travers les téléphones mobiles ou Spotify, la location longue durée fait de plus en plus sens aux yeux de plus en plus de gens.